Chaque année à Bordeaux, la Marche des Fiertés représente la communauté LGBTQ+ autour de célébrations, activités, concerts, marches, revendications. Derrière ces actions, c’est tout un héritage qui s’exprime aux travers de communautés trop souvent oubliées. A l’origine de ce mouvement, les émeutes de Stonewall survenues à New York en 1969, lorsque des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres ont résisté à une descente de police dans le bar Stonewall. Ce moment historique marque la naissance du mouvement LGBTQ+ moderne, et donne le ton de ce que sont devenues aujourd’hui les Marches des Fiertés : un devoir de mémoire et une protestation contre les discriminations toujours présentes.
À Bordeaux, la communauté LGBTQ+ ne se contente pas de défiler une fois par an : elle vit, milite, et surtout… bouge. À travers des disciplines sportives comme le roller, le skate, l’escalade, le football ou encore la danse, plusieurs associations locales comme Le Girofard ou le collectif Queer Moves permettent à chacun·e de se réapproprier l’espace sportif, souvent encore marqué par le machisme et l’exclusion. Le sport devient ici un terrain de jeu inclusif, bienveillant, où genre et orientation ne conditionnent ni la performance ni l’appartenance.
Longtemps considéré comme un bastion masculin, parfois sexiste, le monde du skate évolue. L’un des déclics majeurs reste le coming out en 2016 de Brian Anderson, skateur américain et Skater of the Year en 1999. Un geste symbolique dans une discipline longtemps restée silencieuse sur les sujets de genre et de sexualité.
Un autre exemple marquant et bordelais cette fois : No Comply, un film réalisé par Rebecca Gallon avec le collectif Apex Crew, qui réunit la scène skate féminine et queer à Bordeaux. Ces initiatives redessinent le paysage local en brisant les normes établies avec leur nouvelle vision de la culture skate et de sa communauté.
En France, la marque toulousaine Clumsy participe à ce mouvement en proposant des vêtements et accessoires inclusifs, pensés pour une nouvelle génération de skateur·euse·s. Les marques deviennent ainsi des vecteurs de changement, remettant en question les stéréotypes dominants.
À l’international, les manifestations LGBTQ+ prennent parfois des formes inédites. À Amsterdam, un skatepark LGBTQ+ a vu le jour. D’abord imaginé autour de sessions dédiées, c’est grâce aux dons et à la mobilisation de la communauté avec des organisations comme New Wave et Women Skate The World que l’idée d’un skatepark pensé comme un espace où les minorités sexuelles et de genre peuvent pratiquer librement et en sécurité à vu le jour. Un projet qui rappelle combien les infrastructures doivent aussi s’adapter aux réalités vécues par ces communautés.
En plus d’initiatives locales, des événements internationaux deviennent des espaces d’expressions de la communauté. Alana Smith militante LGBTQ+ et membre de la team USA profite de sa participation aux jeux olympiques d’été à Tokyo en 2021 pour faire son coming out en tant que personne non binaire et devient ainsi la première personne non-binaire de l’histoire de la délégation américaine. Les jeux deviennent un lieu d’expression pour les athlètes LGBTQ+ quand plusieurs performances ont été perçues comme des gestes de protestation plus que de simple compétition. Ce type d’engagement public brise les tabous et inscrit les luttes queer dans des espaces encore très normatifs.
Le sport comme outil politique et social
La Marche des Fiertés n’est pas qu’une célébration festive. C’est aussi un moment politique, où se rencontrent les revendications locales, nationales et internationales. À Bordeaux, les disciplines sportives deviennent un vecteur d’inclusion, où personnes queer et personnes en situation de handicap trouvent enfin leur place. Dans la rue comme sur une planche, les fiertés avancent. Lentement parfois, mais toujours plus visibles.